7.5.08

CONTE DÉMONIAQUE

Firmin Aristophane Boulon, dit Aristophane, est un auteur de bande dessinée né le 8 janvier 1967 en Guadeloupe et décédé le 11 mai 2004.
Ancien étudiant de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris puis de l'École supérieure de l'image à Angoulême, Aristophane est un météore de la bande dessinée des années 1990. Son travail est d'emblée considéré comme un classique du futur par la critique. Son œuvre, extrêmement sérieuse, aborde des questions philosophiques ou religieuses complètement inédites en bandes dessinées, avec un beau dessin classique en noir et blanc.
Un accident survenu à la fin des années 90 compromettra la continuation de l'œuvre d'Aristophane sur le compte duquel diverses rumeurs circuleront : il aurait répudié son œuvre passée, il aurait renoncé à la bande dessinée, ou, au contraire, il ne désespérerait pas de s'y remettre... Il décède à 37 ans laissant derrière lui bien des mystères.

Ce Conte Démoniaque est d'un souffle et d'une puissance vraiment hors du commun, une oeuvre qui mérite mille fois qu'on la lise et s'y attarde. Sa construction, l'écriture des dialogues, dénote un talent et une finesse d'écriture magiques.
300 pages au cours desquelles le dessin mue pour atteindre la pleine possession de ses moyens, souvent proche de l'abstraction, rendant palpables la chair molle des corps et la désolation des espaces.
Chacun des personnage qui apparait tour à tour sur le devant de la scène, âmes et démons à la consistance surprenante, sont brossés malgré eux comme les pions insignifiants du grand damier des enfers, se débattant en tous sens, tentant de survivre ou de tirer la couverture à eux, malgré la fin qui s'annonce.
Le Conte Démoniaque est un livre grandiose dont il y a fort à craindre qu'elle ne sera pas rééditée, tout comme elle est passée quasi inaperçue, et semble le rester.
Une oeuvre pourtant pure et dure, comme on ne cesse d'en entendre réclamer.
Cette histoire de la fin des enfers est belle et triste à pleurer.